Critique de
l'étude de Joanne Wood
sur la pensée positive
Une étude intéressante mais incomplète
Joanne Wood, professeur de psychologie à l'Université de
Waterloo, en Ontario, au Canada s'est penchée, au cours d'une
récente étude, sur les effets de la pensée positive. D'après ses
résultats, elle en arrive à la conclusion que les messages
positifs avec lesquels les gens essaient de se convaincre
peuvent parfois produire un effet négatif, tout à fait à
l'inverse de ce qu'ils espèrent, particulièrement pour ceux et
celles qui ont une mauvaise image d'eux-mêmes.
Selon elle, les messages positifs ne fonctionneraient que si la
personne qui les prononce croit réellement que ça va marcher.
Elle ajoute que c'est paradoxalement chez les gens qui en
auraient le plus besoin que la pensée positive aurait un effet
négatif. Ainsi, « les gens qui ont une faible image
d'eux-mêmes se répètent ce genre de messages, pensant au fond
d'eux que ce n'est pas vrai.», conclue-t-elle. Et elle ajoute:
«Ces sentiments prédominent sur les messages positifs. »
En
fait, les résultats qu'a obtenus Madame Wood sont intéressants,
dans la mesure où ils nous éveillent au danger de la mauvaise
utilisation de la pensée positive. Toutefois, il faut
faire très attention aux conclusions qu'on en tire et surtout
éviter de tomber dans le piège des journalistes à potins qui
prendraient la meilleure nouvelle du monde et qui trouveraient
une façon tordue de traiter cette nouvelle dans un angle
ultrapessimiste et tragique.
Madame Wood n'a pas tout à fait tort mais malheureusement, son
étude est incomplète, ce qui fait que les conclusions qu'elle en
tire, ou du moins l'interprétation que les journalistes font de
de ses résultats, ont tendance à vouloir dénigrer toute la
pensée positive alors que c'est seulement son utilisation
erronée qui devrait être remise en cause. Depuis sa publication,
plusieurs personnes négatives se servent des résultats de cette
étude pour se conforter dans leur négativisme et dans leur
médiocrité et ensuite conclure que la pensée positive est
inefficace en général.
En
réalité, nous savons très bien que l'étude de Madame Wood n'a
aucunement touché le phénomène d'autosuggestion subconsciente et
que celle-ci était uniquement orientée vers l'utilisation de
pensées positives conscientes. Dans ce cas, comment peut-on
tirer des conclusions sur l'ensemble alors que l'étude ne nous
donne qu'un aspect?
Pour être complète, l'étude de Joanne Wood aurait dû porter sur
l'autosuggestion par des pensées positives conscientes versus
l'autosuggestion pratiquée directement au niveau subconscient.
En se basant sur les nombreuses
études déjà réalisées
qui prouvent que l'autosuggestion
subconsciente (notamment par hypnose) est hautement efficace
chez la presque totalité des sujets, voici les conclusions que
Madame Wood aurait fort probablement pu tirer, si elle avait
réalisé une étude vraiment exhaustive, faisant appel au
conscient ET au subconscient:
-
CONCLUSION
# 1: L'autosuggestion consciente par pensées
positives peut être efficace pour les sujets ayant une bonne
estime d'eux-mêmes, particulièrement s'ils croient
sincèrement qu'ils vont atteindre leur objectif;
-
CONCLUSION
# 2: L'autosuggestion consciente par pensées
positives peut parfois aggraver la situation d'une personne
ayant une faible estime d'elle-même, surtout dans le cas où
cette personne ne croit pas aux suggestions positives
qu'elle se fait;
-
CONCLUSION
# 3: L'autosuggestion subconsciente par pensées
positives est extrêmement efficace, que la personne ait une
bonne ou une mauvaise estime d'elle-même au départ et
qu'elle croit ou non aux résultats qu'elle désire obtenir.
Ces conclusions, qui auraient été issus d'une étude plus globale
et moins partiale, auraient évité d'en arriver à des conclusions
aussi pessimistes face aux pensées positives. On aurait alors
compris un tout autre message, beaucoup plus encourageant pour
ceux et celles qui veulent progresser et se réaliser pleinement,
au lieu de se plaindre perpétuellement du mauvais sort que les
dieux leurs ont jetés.
Comme vous l'aurez compris, il faut faire très attention à la
façon d'interpréter les résultats d'une étude scientifique,
surtout lorsque cette dernière est incomplète, car on peut
parfois en arriver à des conclusions aberrantes, ce qu'on
appelle "faire des sophismes", en langage philosophique. Par
exemple, en se basant sur la même "logique" qu'ont utilisée les
détracteurs de la pensée positive en se basant sur les résultats
de l'étude de Joanne Wood, on pourrait très bien conclure que
l'utilisation de patins à glace est nuisible aux joueurs de
hockey... Pour en arriver à cette conclusion absurde, on se
fierait aux résultats d'une étude au cours de laquelle on aurait
demandé à un certain nombre de joueurs de chausser des patins à
glace pour jouer une partie de hockey et à un nombre égal de
joueurs d'y participer en souliers. Constatant que les joueurs
en patins ont beaucoup plus de difficultés à se mouvoir que les
joueurs en souliers, ont crierait haut et fort qu'il faut bannir
les patins à glace du hockey. Ce qu'on oublierait de dire,
cependant, c'est que l'étude a été effectuée dans les mauvaises
conditions, soit sur un terrain d'asphalte au lieu d'être
effectuée sur une patinoire!
Madame Wood, pour être efficace, des patins, ça doit être
utilisé sur la glace et non sur l'asphalte! Tout aussi
logiquement, pour être efficace, une pensée positive, ça doit
être implantée dans le subconscient et non dans l'esprit
conscient, comme vous l'avez fait faire à vos sujets lors de
votre étude. Pour poursuivre notre métaphore, disons que le gros
problème avec votre étude, c'est qu'elle a fait jouer ses
participants sur l'asphalte (le conscient) et non sur la glace
(le subconscient) comme il aurait été approprié de le faire pour
obtenir de bons résultats. Les conclusions de votre étude ne
devraient donc pas mentionner que les patins nuisent aux joueurs
(que la pensée positive est néfaste pour ses adeptes) mais
plutôt que l'utilisation de patins à glace sur l'asphalte est
désavantageuse (que la pensée positive est inefficace
lorsqu'utilisée dans les mauvaises conditions, en l'occurrence
strictement à l'état conscient et sans conviction profonde).
Bref, si Joanne Wood mérite d'être reconnue pour l'élément
nouveau qu'elle apporte grâce à son étude, elle aurait bien fait
de tester les autres paramètres qui influent sur l'efficacité ou
non de la pensée positive avant d'en tirer ses conclusions. Elle
aurait ainsi évité de provoquer une vague de pessimisme, de
laisser-aller, de découragement et d'apitoiement sur son sort,
pour plutôt proposer des solutions positives et constructives,
qui mènent à la pleine réalisation de soi!
Pourquoi la pensée positive strictement consciente n'est-elle pas
très efficace?
Vous
le saurez en lisant ou en relisant notre
article sur la pensée positive.
Fort
heureusement, il existe une méthode beaucoup plus profitable que la
pensée positive consciente et cette méthode, s'appelle...
La programmation mentale positive (subconsciente)
Avant
toute chose, pour bien comprendre comment fonctionne l'esprit
humain, nous vous recommandons fortement de lire ou de relire cet article...
Conscient, subconscient et superconscient
Texte de Frédéric clément,
hypnopraticien I.R.P.H. et expert en
programmation mentale positive |